Fanfare Octave Callot

des Beaux Arts et autres lieux…

Les Origines

Premère formation de la Fanfare Callot
“V’la les 4 z’arts” 45 tours VOGUE enregistré vers 1960

De source bien informée, la toute première formation musicale appelée « Fanfare des Beaux-Arts », aurait vu le jour en 1948 à l’initiative d’André Roux et trois autres mousquetaires dans l’atelier de M. Madelin professeur d’architecture à l’école des Beaux-Arts ; en 1953, fraîchement inscrit dans cet atelier, le jeune Octave reprit le flambeau de la fanfare MADELIN avec d’autres volontaires qui formeront une équipe talentueuse, désormais baptisée Fanfare OCTAVE CALLOT, en référence à la rue Jacques Callot, une des adresses de l’école à l’époque.

Paulo Lemétais & Bernard Chollet
Les trompettistes de la viellle garde Paulo Lemétais dit “Paulo des Batignoles” membre fondateur avec Callot en 1953 et Bernard Chollet “Papa Schultz” (à gauche) firent partie de la formation de transition dans les années 70. On les voit ici sur une interprètation sifflée de “It’s a long way to Tipperary”.
Jeff Mariette
Après de bons et loyaux services chez Callot, le trombone Jeff Mariette fit les belles heures de la station de radio FIP avec sa propre formation de jazz : ”LES PETITS PARADEURS DE LA RUE DU CANAL”

Cependant si cette fanfare se présente comme « la plus ancienne du genre toujours sur pieds » elle perpétue une vieille tradition : car dès la fin du XIXème siècle, à l’occasion des sanctions d’études, concours ou autres célébrations, on organisait déjà autour de l’école des festivités mémorables, ainsi le célèbre Bal des 4 Z’Arts, le prestigieux Gala, ou le défilé clôturant le concours du Rougevin, avec des chars équivoques promenés dans les rues du quartier latin. Mais ces évènements étaient mis en musique par des professionnels et ce n’est qu’après la guerre que les élèves se sont saisis des cuivres pour former des fanfares qui parodiaient les officielles. 

Rivalités et association avec la fanfare Léon Malaquais

Premère formation de la Fanfare Callot
1964 : Fusion entre les sœurs ennemies
Dans les salons de la Gaité Lyrique, à droite Léon Malaquais

Le succès de la fanfare MADELIN fut immédiat et les autres ateliers rivalisèrent ; en1950 on vit venir Léon MALAQUAIS qui aurait déclaré : « ces cons-là y arrivent bien, pourquoi pas nous ? », ainsi les fanfares fleurirent à Paris et en province jusqu’à créer un concours pour se départager.

Halte au massacre
Carte promotionnelle de l’association Callot-Malaquais

S’ils n’étaient pas les plus anciens, les MALAQUAIS s’étaient constitués en une formation remarquable, bien supérieure en nombre aux CALLOT (sinon en qualité selon certains puristes..), ils se démenèrent pour éditer un premier disque par souscription : « Petite musique de charrette », suivi d’un 33 tours intitulé « L’amour du bruit » (qui annonçait la couleur) ; à leur tour mais un peu plus tard, les CALLOT enregistrèrent des vinyles de qualité, entre autres « Les Arts au soleil », « Les Beaux-arts de l’Hôtel de ville », « Les Grandes Manœuvres » ainsi que plusieurs exemplaires des fameuses « Chansons paillardes sur fond de cuivre ».

La renommée de « La Fanfare des Beaux-Arts » dépassait largement l’école, les contrats se mirent à pleuvoir ; laissons la parole à Léon MALAQUAIS :

« En 1961 Malaquais tient la vedette dans le spectacle de Jacques TATI à l’Olympia, et récidive en 1962 avec Sacha DISTEL. La fanfare est devenue gigantesque ; pourtant en 1964 les effectifs se sont réduits, un dernier groupe de fidèles fusionne avec la fanfare Callot, petit groupe de musiciens délicats épris d’harmonies savantes. C’est un nouveau départ pour une fanfare qui marche fort ». (Extrait d’un programme du concours en 1979)

Sauf erreur ou omission, la fanfare de cette époque devait se composer ainsi :

A l’alto : Yves Poinsot (Octave Callot)
Aux trompettes, cornets et bugles : Bernard Chollet (Schultz), Alain Lemétais (Paulo), Jacques Deneux (Milo), François Dolladile (Le Bib), Villeminot (Adrien Lharidelle), Gérard Mousseau (Moumousse), Louis René Blaire (Honoré Champion).. 
Aux trombones : Jean François Mariette (Jeff), Michel Rippe (P’tit Max)
Aux basses : Michel Vincent (Léon Malaquais), Crespel (Mémé), Jacques Golvin (Ahmédée), Philippe Sicardon (Chichoune), Panchet, Lestan, (Fouilletrou)..  
Aux contrebasses ou hélicons : (Ronchon), Jean Claude Aprile (Mes bottes)
Aux triangles, percussions, batteries et grosse caisse : Humbert (Pépé), Le Prince (Ringuet), Jean Jacques Fernier, Le gros Day
 

La Fanfare Arretche et les Lauriers d’Amadeus Bozart

Bal à Versailles avec “les Arretche”
Bal à Versailles avec “les Arretche”

Depuis les années cinquante comme il est dit plus haut, les fanfares se mesurent devant un Jury pour distinguer les meilleurs ; ce prestigieux concours perdure et les ateliers rivalisent d’audace pour monter de grands et superbes spectacles sur un thème imposé, dans des décors et une mise en scène tout à fait débridés.

Pr Arthur
Le Pr Arthur expert en explosifs aux Arts déco
Claude Gentzling
Claude Gentzling chef des Arretche
Amadeus Bozart
Wolfang Amadeus Bôzart (atelier officiel d’architecture Arretche)

On a donc pu voir défiler dans la cour d’honneur toutes sortes d’équipages et costumes en tous genres, tout y est passé, même un éléphant rose qui a bêtement écrasé les câbles de la régie.. C’est ainsi qu’en 1967, les membres de la fanfare Amadeus Bozart issus de l’atelier Arretche, sous la houlette du professeur Gentzling, ont gagné les lauriers avec « la Houppa-houppa » un morceau qui s’achevait sur le final de « la Flûte Enchantée ».

Cette très belle formation écumait aussi les plages de la côte d’Azur ; elle s’est ainsi retrouvée un bel été en face de la fanfare des Arts Déco, dans une joute organisée par Radio-Monte-Carlo pour les départager grâce aux suffrages des auditeurs ; elle a remporté (de peu) la victoire et ce fut l’occasion d’un premier rapprochement entre les deux troupes.

La Fanfare des Arts Déco

La fanfare des Arts Déco avec Joséphine Baker
La fanfare des Arts Déco avec Joséphine Baker…
La fanfare des Arts Déco avec Maurice Chevalier
…et Maurice Chevalier

Joyeuse formation des années soixante à la musicalité efficace, la fanfare des Arts Déco a sévi quatre ans dans les rues de Paris et sur les côtes estivales, mais a brillé aussi à l’international par le biais de « voyages culturels » : ainsi à Londres, à Ulm (le Bauhaus), à Groningen dans la neige batave, au carnaval de Munich (bière et Pinacothèque) et finalement à Djerba où elle a inauguré l’animation musicale d’un tout jeune Club Méditerranée.

Spécialisée à Paris dans les animations de quartier et les concerts nocturnes, elle s’est faite une solide réputation plus spécialement auprès des commissariats de police, dans lesquels elle était régulièrement invitée à venir jouer pour finir la soirée.

L’odyssée de cette fanfare prit fin en Mai 1968, selon les sensibilités elle se divisa alors en deux parties, les un allèrent grossir les rangs d’OTHELLO aux beaux-arts, les autres acoquinés à la fanfare de l’école de Médecine se firent inviter dans nombre de salles de garde et presque tous les hôpitaux de Paris.

Entretemps de beaux contrats perduraient et pour les assurer les ARTS DECO se sont renforcés des survivants la fanfare ARRETCHE, jusqu’en 1972 quand ensemble ils ont rallié OCTAVE CALLOT lui-même, qui leur a enfin fait découvrir l’harmonie sans fausses notes avec ses géniales partitions « Callographiées » !

Le « Noyau dur »

Une exception dans le monde musical, cette solide formation est restée soudée pendant presque 50 ans ; nous ne résistons pas à l’envie de citer ici les membres qui en ont composé le « noyau dur » :

Octave Callot
Octave Callot (alias Yves Poinsot)
Cornet, Alto, Basse et arrangeur
Michel Weber
Michel Weber (Her Web)
Cornet
Alain Vaulay
Alain Vaulay (Volo)
Cornet, trompette
Gérard Shopfer
Gérard Shopfer (l’assureur)
Euphonium
Bernard Chaumat
Bernard Chaumat (TGV)
Trombone
Romain Vitorge
Romain Vitorge à partir de 1987
Clarinette et arrangeur
Alain Baujard
Alain Baujard
Clarinette
Patrice Charbonneau
Patrice Charbonneau (Poulou)
Contrebasse – Soubassophone
Vincent Gielly
Vincent Gielly (Toutoune)
Banjo (jusqu’en 1988)

Et tous ceux qui ont participé épisodiquement :

Aux trompettes : Olivier Brard (M. Pohl), Alain Lemetais (Paulo des Batignolles) , Bernard Chollet (papa Schultz), François Dolladile (Le Bib), Florence Perodeaux (Salomé), Pascal Camor, Jean Paul Durand, Robert Boissonnade, Christine de Beauchêne

Aux trombones : Jeff Mariette, Thierry et Yves Bérrier (les Bérus), Didier Delamare, Jean Paul Goriatchev, Sophie Roy

A l’alto : Agnès Chaumat (aussi photographe de presque toutes les images de ce site)

Au saxophone : Marc Renard, Jean Claude Aprile (dit « Mes bottes » contrebassiste de la formation d’origine)

Au piccolo : Hervé Huet (üet)

Aux basses : (anciens Callot/Malaquais : Adrien Lharidelle, Philippe Sicardon, Mémé, Fouilletrou, Lestan), Jean Pierre Denouel (Tugudu), Jean-Pierre Martinet (Mimo)

A la contrebasse : Olivier Poinsot (aussi à la basse avec son père Octave), Antoine Guerassimoff

A la batterie : Bernard Malabre, Alain Bourdier, Max Benoit, Jean-Pierre Ducerf (et une semaine aux Arcs : « Le Belge » de la fanfare Mercenaires)

A la grosse caisse : Le gros Day (ancien Callot/Malaquais), Mireille Durand, Anne Gielly, Catherine Allizon

Au piano : Martine Morel (sur «Ragtime»), Céline Chollet (sur «Palace Boat»)

Trop occupés par leurs contrats, les Callot n’ont enregistré pendant toute cette période que deux cassettes audio : « Tons au Naturel », un vinyle 45 tours « Ragtime » et deux disques CD :  « Opium » et « Palace boat ». Par contre ils se sont penchés avec passion sur plus de 150 titres, graphougnés et sans cesse remis sur le métier par Octave, qui était d’ailleurs renforcé d’autres scribouillards (Romain, Mr Pohl, Le Bib..)

Hauts faits - Le Jam Potatoes, etc, etc

Sur scène avec Bill Coleman”
Sur scène avec Bill Coleman”
Olivier Brard
Des musiciens de la fanfare ont aussi été « Jazzmen », ainsi Olivier Brard a monté une grande formation vieux style : Les Royal Tencopators Orchestra, de même le cornettiste Michel Weber émarge entre autres chez Sequana Swing.

Par l’intermédiaire de Jeff Mariette, tromboniste converti au Jazz, la fanfare fut invitée à se produire sur la scène du Festival de Jazz de Luneray en pays de Caux : Le Jam Potatoes ; ce festival de renommée internationale qui faisait venir de grandes vedettes (Rod Mason, Max Collie, le Golden gate quartet) et accueilli plus de 80 000 personnes, se tenait à l’abri de la pluie normande dans  d’énormes silos à pommes de terre, d’où son appellation incontournable.

Jam Potatoes
Affiche du Jam dessinée par Octave

Le parrain du festival était le célèbre trompettiste américain Bill Coleman ; il nous avait fait l’amitié de nous soutenir sur scène avec quelques morceaux bien rythmés ; Le succès était au rendez-vous et la fanfare participa à tous les festivals suivants ; quand elle n’était pas sur scène elle jouait dans les salles où l’on servait des tripes et de la choucroute, reproduisant l’ambiance des anciens Caf’concs qui faisaient dire au peintre Daumier : « est-ce la musique qui fait passer la bière ou bien la bière qui fait avaler la musique ? »

Bal à Versailles avec “les Arretche”
Ouverture de l’opéra de CARMEN au Stade de France en 2003 - photomontage : Christine de Beauchêne

Mais il y eut bien d’autres succès : les « Levez de rideau » de plusieurs JAZZ BAND BALL à Paris, L’inauguration du cinéma ROYAL DISNEY, les « Adieux » aux FRERES JACQUES, des passages à l'Olympia, l’ouverture de Carmen au Stade de France…

« On n’a pas la mauvaise vie »

Dans le sillage d’Octave, les Callot ont bénéficié de très grands moments : invités pendant des années par des architectes, dont Andrault et Para et surtout Philippe Sicardon (un ancien des Malaquais) et son confrère Auvrignon, dans leurs extraordinaires maisons lacustres en Sologne et en Anjou, ils mettaient en musique des festivités ou des bals masqués sur des thèmes variés, dont l’« Opéra » fut un des glorieux sommets.

Dans ce domaine privilégié n’oublions pas de citer l’animation dans la neige de la station des ARCS et sa promotion à l’étranger, pendant onze années consécutives.

La fanfare Octave Callot aux Arcs”
La fanfare Octave Callot a animé la station de ski des Arcs pendant plus de onze années

Ainsi la fanfare Callot s’est produite partout où la fête la demandait :

Elle a fait vibrer le cuivre dans les Parcs-Center et les Clubs Méditerranée, pour nombre de bals de 14 Juillet, de concerts, de célébrations (avec ou sans « Tastevins ») des vins du Jura, de Bourgogne, de Champagne, ou du Beaujolais nouveau (notamment avec la rédaction du Canard enchainé); mais encore pour des mariages, inaugurations ou vernissages, sans jamais se départir du souffle des Beaux-Arts garant de sa vitalité.

« Salut et respect à Callot ! »

« Sans lui nous n’aurions pas duré si longtemps ni progressé vers un niveau plus que respectable »

Cet épitaphe est de Poulou notre contrebassiste, car Callot nous a quitté en octobre 2022, et depuis 1972, année de notre incorporation dans sa célèbre fanfare, nous avons pu faire grâce à lui presque un demi-siècle de musique !

Alain Lemétais
Alain Lemétais "Paulo des Batignolles"

Bien sûr, ces dernières années le vieux chef n’était plus toujours à la barre, aussi le flambeau a été courageusement relevé par le trompettiste « Paulo des Batignolles » fidèle de la première heure, qui s’entourant de musiciens chevronnés peut avec une équipe renouvelée, perpétuer la musique de « la Fanfare CALLOT des beaux-arts et autres lieux » , pour le bonheur des foules et de ses voisins…

Chaumat dit TGV (trombone grande vitesse)

Octave Callot in memoriam”
Photomontage : Vincent Gielly dit Toutoune